L. SMOLDEREN, Les Waterloos, graveurs bruxellois de médailles et de sceaux
(Numismatica Lovaniensia, 19)
Louvain-la-Neuve, 2004, 290 p., ill., 24 pl.
Prix : 98,00 euros 
ISBN 978-2-9600462-0-5



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Les Waterloos forment une dynastie bruxelloise d'orfèvres et de graveurs de sceaux ou de médailles qui, au cours de trois générations, ont été, dans leur spécialité, les plus remarquables des Pays-Bas méridionaux au XVIIe siècle, en attendant d'être supplantés par une autre dynastie célèbre, celle des Roettiers, dont les membres réussiront à s'imposer non seulement à Anvers et à Bruxelles mais même à Londres et à Paris.

Il était courant, sous l'Ancien Régime, que les artisans se succèdent de père en fils. Dans le système corporatif de l'époque, la mise au travail des enfants dans l'atelier paternel renforçait la main-d'œuvre, le nombre d'apprentis extra-familiaux étant rigoureusement limité par la réglementation des corps de métier.

Le chef de la dynastie, Sybrecht l'Ancien († 1624), entre dans l'histoire en août 1600 quand son oncle, l'illustre sculpteur et médailleur Jacques Jonghelinck (1530-1606), lui cède son office de graveur de sceaux des Archiducs. Le neveu secondait depuis un certain temps déjà son vieil oncle dont la vue baissait. Il sera d'ailleurs l'auteur de quelques-uns des sceaux les plus remarquables de l'époque et, sans doute également, de la célèbre médaille des funérailles de l'archiduc Albert. En outre, contrôleur des ouvrages d'or et d'argent en Flandre et au Brabant ainsi que graveur en taille douce.

Trois de ses fils allaient suivre la même voie. L'aîné, Denis l'Ancien (1593-1647), laissa plusieurs médailles d'un style minutieux, non dépourvu de sécheresse. Le second, Sybrecht le Puîné (1596-1684), hérita de la charge de contrôleur pour le Brabant des ouvrages d'or et d'argent et les comptes de l'époque nous révèlent qu'il coula des médailles modelées par son frère Adrien. Il fut aussi orfèvre et certains ont voulu voir dans ce vieux garçon très discret le vrai chef de l'atelier familial à la seconde génération.

Le plus doué des fils du premier Sybrecht fut incontestablement Adrien Waterloos (1598-1681). Son père lui avait cédé, plutôt qu'aux aînés, sa charge de graveur ordi-naire des sceaux du Roi d'Espagne (1624). La protection du président du Conseil privé Pierre Roose lui valut, en outre, une place de maître général des monnaies (1661). Médailleur de talent, pouvant rivaliser avec les plus grands maîtres de l'époque, il nous a laissé une galerie de portraits de tous les dirigeants de son temps. Il avait fourni également le modèle des souverains et ducatons d'or, frappés à l'avènement du jeune roi Charles II (1666), ainsi que de plusieurs jetons d'inauguration ou destinés au Conseil des Finances.

Vers la cinquantaine, craignant la cécité, il avait, un peu prématurément, cédé sa charge de graveur ordinaire des sceaux à son neveu Denis le Jeune (1628-1715), fils de Denis l'Ancien, qu'il avait formé. Ce neveu s'imposera, lui aussi, comme maître général des monnaies et comme médailleur dont la production ressemble à s'y méprendre, n'était le monogramme, à celle de son oncle. Mais il venait à une mau-vaise époque : les dernières années du XVIIe et les premières du XVIIIe siècle furent, pour nos régions, une période de calamités où les pouvoirs publics se sont trouvés particulièrement dépourvus de moyens.


Depuis les notices d'Alexandre Pinchart, datant du milieu du XIXe siècle, et quelques études fragmentaires sur les médailles et les sceaux des Waterloos dues à M. et Mme Victor Tourneur, aucune étude d'ensemble n'a été publiée au sujet de ces médailleurs bruxellois d'un grand intérêt. Celle qui est ici présentée constitue le prolongement de celles que le même auteur a entreprises sur Jacques Jonghelinck (Numismatica Lovaniensia , 15, Louvain-la-Neuve, 1996), et sur Jean de Montfort (Revue belge de Numismatique et de Sigillographie, 142, 1996).


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The Waterloos are a Brussels' dynasty of silversmiths, medal and seal engravers, who in the course of three generations, were the most remarkable in their field of Southern Low Countries during the XVIIth century until the were supplanted by another dynasty, that of the Roettiers, whose members will succeed in taking over not only in Antwerp and Brussels, but even in London and Paris.

It was usual, in the Old Regime, that craftsmen could succeed each other from father to son. In the corporative system of that time, setting the children to work in their father's workshop increased the member of workers without affecting the regulation regarding the number of apprentices allowed.

The head of the dynasty, Sybrecht Senior (1624), makes his entry into history in August 1600 when his uncle, the well-known sculptor and medallist Jacques Jonghelinck (1530-1606), transmitted to him his charge of seal engraver of the Archdukes. For a while the nephew used to help his uncle whose sight was becoming short. He is, moreover, the author of some of the best seals of that time and probably of the praised medal for the funeral of Archduke Albert. He was also a controller of the works of gold and silver in Flanders and Brabant and an engraver of copper-plates.

Three of his sons will follow the same road. The oldest, Denis Senior (1593-1647), made several medals in a careful and somewhat dry manner.

The second, Sybrecht the Younger (1596-1684), inherited the charge of Controller for Brabant of the works of gold and silver, and the accounts of that time show that he cast medals modelled by his brother Adrien. He was also a silversmith, and some were of the opinion that this discrete old bachelor was in fact the real head of the family workshop at the second generation.

The most gifted of Sybrecht Senior's sons was undoubtedly Adrien Waterloos (1598-1681). His father ceded to him, rather than to his eldest son, his charge of ordinary seal engraver of the king of Spain (1624). Under the protection of Peter Roose, President of the Privy Council, he was also given the office of General Mintmaster (1661). Gifted medallist, rival to the greatest masters of the time, he left us a portrait gallery of all the contemporary heading people. He also gave the models for the golden sovereigns and ducatons struck on the accession of the young king Charles II (1666) as well as several jetons designed for inauguration ceremonies or reserved for the Council of Finance.

Around fifty, fearing blindness, he ceded, somewhat prematurely, his office of ordinary seal engraver to his nephew Denis the Younger (1628-1715), son of Denis Senior who had trained him. This nephew will impose himself, too, as well as General Mintmaster as medallist whose production looks almost similar to that of his uncle, all but the monogram. But he came at a bad moment : the last years of the XVIIth century and the first of the XVIIIth were, for the Southern Low Countries, a period of calamities wherein the authorities were completely deprived of means.

Since the studies of Alexandre Pinchart in the middle of the XIXth century and some fragmentary research about the medals and the seals of the Waterloos made by Mr and Mrs Victor Tourneur, no global monography has been published so far about those Brussels' medallists of outstanding merit. The one here presented constitutes the follow up to those that the same author undertook about Jacques Jonghelinck (Numismatica Lovaniensia, 15, Louvain-la-Neuve, 1996) and about Jean de Montfort (Revue belge de Numismatique et de Sigillographie, 142, 1996).



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